Traité des Points-clefs sur le Sens Symbolique de l'Aiguière
Le Traité des Points-clefs sur le Sens Symbolique de l'Aiguière (gNad yig bum pa'i brda don) གནད་ཡིག་བུམ་པའི་བརྡ་དོན།
Signification littérale
—gnad: points-clefs; —yig: traité; —bum pa'i: aiguière + marque du génitif; —brda: symbole, symbolique; —don: sens;
Définition
Ce texte appartient au cycle du Lama Yangtik de Longchenpa. Il a été rédigé par ce dernier sous le nom de Jarmé Longyang (Byar med klong yangs), non pas sur les flancs du Mont Gangri Thökar, comme la plupart des textes de la collection, mais à Chimphu, à côté du monastère de Samyé (bSam yas).
Il se propose d’expliquer les principes de la Consécration non élaborée (cf. texte no. 9 de la collection) et notamment la symbolique des divers objets rituels utilisés lors de la transmission. L’objectif de cette Consécration est défini dès l’ouverture du texte, dans laquelle Longchenpa explique que le thème central est de clarifier l’orbe de lumière (‘od kyi phung po) qui demeure naturellement dans le cœur de tous les êtres. Pour cela, le maître utilise des objets, comme une aiguière (bum pa), etc., afin d’illustrer les principes de la Base, de la Voie, et du Fruit, conformément aux enseignements associés à cette Consécration. Ainsi, au niveau de la Base, l’esprit est conçu comme animé d’une lumière infinie. Son Essence véritable est présentée comme l’état du Corps Absolu primordialement pur, tandis que la Claire-Lumière qui rayonne naturellement à partir de ce Corps exprime la Nature des Corps Formels. A un niveau purement graphique, les cinq Corps et les cinq Sagesses sont symbolisés sur le maṇḍala d’initiation par des couleurs quinticolores qui en représentent l’Eclat naturel (rang gdangs).
Les principes qui animent la Voie sont ceux de la Pureté Primordiale (ka dag) et de la Spontanéité (lhun grub). Il y a par conséquent deux dynamismes (rtsal gnyis) qui se manifestent au cours de la pratique. Le premier est sapiential et le second, visionnaire. Afin de s’entraîner à ce double dynamisme, il convient de s’engager dans les pratiques respectives de l’Eradication de la Rigidité (khregs chod) et du Franchissement du Pic (thod rgal). La première s’appuie sur les accès naturels (cog bzhag) et la notion de liberté naturelle (rang grol). Ainsi, à partir du dynamisme du Vide s’élèvent des mouvements qui finissent par parvenir à leur Terre d'Epuisement (zad pa’i sa). La seconde pratique repose sur l’émergence des lumières naturelles du Discernement au sein de l’Espace. Au terme de la Voie, la matérialité corporelle de l’adepte est abolie (nub), c’est-à-dire qu’elle se résorbe en lumières quinticolores, signe caractérisant l’atteinte de la libération sur la Terre d'Epuisement elle-même.
Longchenpa présente ensuite l’expression authentique du Fruit comme étant celle de l’indifférenciation de la Pureté Primordiale et de la Spontanéité. Cet état d’indifférenciation correspond à l’expérience du Discernement dont l’Eclat naturel se traduit par l’émergence spontanée des Vainqueurs des Cinq Clans. Ainsi, au sein du champ pur du Discernement, les lumières de l’esprit s’expriment sous la forme de dômes lumineux au sein desquels se manifestent des Vainqueurs des Cinq Clans avec leur Entourage, l’ensemble formant le déploiement purissime du Dense Agencement (stug po bkod pa).
Référence
Bla ma yang tig, in sNying thig ya bzhi (vol. I), Delhi, 1975, volume 1, pp. 230-234.
Jean-Luc Achard, 28 octobre 2025 à 16:39 (CET)