Grand Epuisement-des-phénomènes sans nom
Grand Epuisement-des-phénomènes sans nom (chos zad ming med chen po) ཆོས་ཟད་མིང་མེད་ཆེན་པོ།
Signification littérale
—chos: phénomènes ; —zad: épuisement ; —ming: nom ; —med: sans ; -chen po: grand.
Définition
Ce "Grand Epuisement-des-phénomènes sans nom" est un synonyme utilisé par Longchenpa (1308–1365) dans son Commentaire du Trésor de l'Espace Absolu (Chos dbyings mdzod 'grel), ainsi que dans son Commentaire du Trésor de l'Etat Naturel (gNas lugs mdzod 'grel) en référence à la notion de Grande Pureté Primordiale (ka dag chen po). L'expression partage le champ sémantique de la Transparence du Discernement (rig pa zang thal), de la Grande Indicibilité inimaginable (smra bsam brjod med chen po), etc. Fondamentalement, elle renvoie à l'état naturel de l'Esprit transcendant les vertus et les vices, ainsi que les défauts et les qualités, etc.
Elle est définie comme un Epuisement (zad pa) dans le sens où toute forme de passion ou de souillure est automatiquement déjà purifiée au sein de son Essence. Cet Epuisement est qualifié de "grand" (chen po) dans la mesure où il ne s'agit pas d'une représentation ordinaire mais de l'expression ultime de l'Essence de l'Esprit, de la Vacuité originelle vierge de toute dualité et de caractéristiques restrictives, c'est-à-dire l'ensemble des phénomènes conditionnés (chos) qui sont spontanément épuisés au sein de ce Vide primordial. Enfin, cet Epuisement est conçu comme étant "sans nom" (ming med) dans le sens où il est profondément indicible et indépendant des limites du langage. Il fait référence à la Pureté Primordiale qui caractérise l'Essence virginale et inexprimable de la Réalité elle-même.
L'état correspondant à cet Epuisement est celui que l'adepte atteint lorsqu'il parvient à la réalisation (rtogs pa) non régressive de sa propre Essence. Il s'agit donc d'une condition originellement exempte de constructions discursives, de phénomènes saisissables, de fixations mentales, d'identifications réductrices, etc. Comme on l'a mentionné ci-dessus, en termes purement dzogchen, on la définit comme la Transparence du Discernement, c'est-à-dire un état comparable à l'immensité céleste, une condition fondamentalement égale ou uniforme dans tout son déploiement, une absence de limitation confinant à la transcendance de toute forme de saisie ou d'attachement. Dans le langage classique du Bouddhisme mahāyānique, cet état correspond à l'absence de prolifération (spros bral) animée de la nature des vingt aspects de la Vacuité (stong pa nyid nyi shu rang bzhin can).
Jean-Luc Achard 8 mars 2019 à 14:04 (CET)