Caractéristiques propres à la Voie du Bardo des Divinités Paisibles

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Les Caractéristiques propres à la Voie du Bardo des Divinités Paisibles (Zhi ba bar do lam gyi mtshan nyid) ཞི་བ་བར་དོ་ལམ་གྱི་མཚན་ཉིད།

Signification littérale

zhi ba: paisibles; —bar do: Bardo; —lam: Voie; —gyi: marque du génitif; —mtshan nyid: caractéristiques.

Définition

Texte appartenant à la seconde partie du Khandro Nyingthik de Pema Ledrel Tsel.

Les instructions décrites dans ce texte s'adressent aux individus qui n'ont pas eu de temps suffisant à consacrer à la méditation au cours de leur vie et qui devront donc faire face au Bardo du moment de la mort et aux états post mortem.

Exposé résumé

Le Bardo du sanctuaire de naissance (skyes gnas kyi bar do, c'est-à-dire le Bardo de cette vie) dure depuis le moment où la conscience entre dans le ventre de la mère, jusqu'au moment où les circonstances létales menant à la mort sont réunies. Pendant cette période, le pratiquant doit éradiquer tous ses doutes en écoutant les enseignements et en réfléchissant à leur signification.

Vient ensuite le Bardo du moment de la mort (‘chi kha’i bar do), qui dure à partir du moment où les circonstances létales causent la mort, jusqu'au dernier mouvement de la respiration. Pendant ce Bardo, il est important que des clarifications (gsal gdab) sur l'état naturel, le Discernement, etc., soient données au mourant par un maître qualifié.

Ensuite, vient le Bardo de la Réalité (chos nyid kyi bar do), qui dure de l'interruption de la respiration jusqu'à la résorption des visions de la Spontanéité (lhun grub kyi snang ba). Pendant ce temps, le mourant doit acquérir la certitude quant à la nature des manifestations qu'il perçoit. Cette certitude signifie qu'il doit être capable de reconnaître que ces apparences sont ses propres manifestations (rang snang). Ensuite, il y a le Bardo du Devenir (srid pa’i bar do) qui dure de la résorption des visions de la Spontanéité jusqu'à l'entrée dans le ventre de la mère. A ce moment-là, le défunt doit faire face à son propre karma.

Explication détaillée

[1]. Pendant le Bardo du sanctuaire de la naissance, le pratiquant doit trouver un maître qualifié et s'entraîner à l'écoute, à la réflexion et à la méditation (thos bsam sgom gsum), afin d'éradiquer tous les doutes extérieurs, intérieurs et secrets. Cela devrait finalement le conduire à l'obtention du Fruit, c'est-à-dire les Trois Corps (sku gsum) en cette vie même. S'il ne parachève pas la pratique de la Voie, il devra faire face aux états post mortem.

[2]. Pendant le Bardo de la mort, les éléments se dissolvent progressivement, dans l'ordre suivant : la terre, l'eau, le feu et l'air. Chacune de ces dissolutions donne lieu à des signes spécifiques dans le corps et la conscience du mourant. C'est à ce moment-là que les clarifications doivent être données concernant les visions du Bardo de la Réalité qui sont sur le point de se manifester.

[3]. Le Bardo de la Réalité est le sujet principal du présent texte et couvre la plus grande section de ces instructions. Au début de ce Bardo, l'élément air se dissout dans la conscience, qui elle-même se dissout ensuite dans le ciel (nam mkha’). Après cela, le ciel se dissout dans la Claire-Lumière (‘od gsal), moment au cours duquel le mourant ne perçoit plus les apparences extérieures de l'environnement. Intérieurement apparaissent les visions de la Claire-Lumière de la Réalité (chos nyid ‘od gsal), avec leurs déploiements maṇḍaliques quinticolores. Ensuite, lorsque la Claire-Lumière se dissout dans l'Union (zung ‘jug), le défunt contemple l'émergence des visions des Vainqueurs des Cinq Clans, en union avec leur Dame. Ils apparaîtront en groupes quintuples de Buddhas paisibles.

A ce moment-là, "le Discernement entrera dans les lumières" (rig pa ‘od la ‘jug), ce qui signifie que des rayons de lumières jaillissent du cœur du défunt et se connectent au Cœur de tous les Buddhas paisibles déployés devant lui. Par la suite, "les lumières entreront dans son Discernement" (‘od rang gi rig pa la tshur ‘jug pa), ce qui signifie que des rayons de lumières quinticolores jailliront du Cœur de tous les Buddhas paisibles et se connecteront à son cœur. Ce phénomène est connu comme le "point-clef de la conscience pénétrant (les lumières)" (‘jug pa shes pa’i gnad). Il est suivi par le point-clef du corps, lié à la libération (grol ba lus kyi gnad) : si l'adepte s'est libéré (à la mort) de la matérialité subtile et grossière des éléments, toutes les apparences se libèrent en Claire-Lumière. Les passions se libèrent en Sagesses et à ce moment-là, le défunt voit les visions de l'Union des Quatre Sagesses (ye shes bzhi sbyor gyi snang ba) déployés en brocarts étagés, de couleurs blanche, jaune, rouge et bleue. Au-dessus d'eux apparaît un empilement fait de cinq ou neuf Thiglés semblables à des miroirs orientés vers le bas. Cette vision entière est connue comme le "Voie intérieure de Vajrasattva" (rdo rje sems dpa’i khong seng gi lam).

Le troisième point-clef est celui de la reconnaissance de l’atteinte ultime (mthar phyin pa ngo shes pa’i gnad). Cela signifie qu'à ce moment-là, le défunt reconnaît toutes les visions précédentes comme les siennes propres, ce qui implique que tous ses doutes sont maintenant totalement éradiqués. Il reste continuellement dans l'expérience de l'absorption méditative dont il est impossible de régresser. Son Discernement se dissout dans le Corps de la Grande Spontanéité (lhun grub chen po’i sku) et son esprit demeure dans un état semblable au ciel, d'un azur infini avec une enceinte quinticolore. Au-dessus apparaît une lumière extrêmement brillante et circulaire, semblable à un dais. A ce moment-là, le défunt verra le déploiement des Huit Modes d'Emergence (‘char lugs rnam pa brgyad), c'est-à-dire : 1. la Compassion (thugs rje), 2. les lumières (‘od), 3. les Corps (sku), 4. les Sagesses (ye shes), la 5. Non-dualité (gnyis med) et la 6. Liberté des extrêmes (mtha’ grol). Ces modes passent par deux portes : 7. la porte du Saṃsāra impur (ma dag pa ‘khor ba’i sgo) à travers laquelle la source de l'existence conditionnée est ininterrompue, et 8. la porte de la pure Sagesse (dag pa ye shes kyi sgo) à travers laquelle les Réalités Mère et Fille (chos nyid ma bu) sont connectées.

Ensuite, après la manifestation de divers types de presciences, le défunt verra directement devant lui le déploiement des Vainqueurs des Cinq Clans. En dessous, il contemplera les sanctuaires de naissance des êtres des six destinées, ainsi que leurs karmas et souffrances spécifiques, leur durée de vie, etc. A ce moment-là, il restera dans une absorption méditative continue dans laquelle les pensées négatives ne peuvent pas surgir. Après cela, les Huit Modes de Dissolution (thim lugs brgyad) se manifesteront, avec la Compassion se dissolvant dans la Compassion, les lumières se dissolvant dans les lumières, et ainsi de suite, jusqu'à la dissolution de la porte pure de la Sagesse dans l'Essence (ngo bo) de l'Esprit (sems nyid). Lorsque ce processus est terminé, le défunt se libère sur la terre de la Pureté Primordiale (ka dag go sa) et expérimente la connaissance omnisciente des Buddhas. Ceux de moindres capacités entreront alors dans le Bardo du Devenir et devraient être capables de transférer leur conscience dans un champ pur.

[4]. Le Bardo du Devenir est brièvement abordé à la fin du texte, où il est dit que pendant cette période, le défunt manifestera un corps mental (yid kyi lus) et expérimentera une confusion avec une intensité proportionnelle à son karma.

Références

Zhi ba bar do lam gyi mtshan nyid, in mKha 'gro snying thig (sNying thig ya bzhi, Delhi, 1975) vol. 2, pp. 133-154.


Jean-Luc Achard 10 mars 2025 à 13:34 (CET)