Cinq Instructions sur les Points-Clefs

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Les Cinq Instructions sur les Points-Clefs (gNad kyi gdams pa lnga pa) གནད་ཀྱི་གདམས་པ་ལྔ་པ།

Définition

gnad: points-clefs; —kyi : marque du génitif ; —gdams pa : instructions ; —lnga pa : cinq.

Définition

Ce texte appartient au second volume du Khandro Nyingthik de Pema Ledrel Tsel. Il décrit les instructions orales (gdams ngag) portant sur cinq points-clefs (gnad) définis comme des préceptes extérieurs (phyi), intérieurs (nang), secrets (gsang ba), secrétissimes (yang gsang), et insurpassables (bla na med pa).

[1]. La première partie traite des cinq éléments extérieurs (phyi ‘byung ba lnga), à savoir la terre, l’eau, le feu, l’air, et le ciel. La cause qui permet l’émergence ces éléments est le ciel vide (en lequel il n’existe originellement rien) et la Sagesse primordiale (ye shes) de l’Esprit. De l’éclat naturel de cette Sagesse émergent cinq lumières (’od lnga) qui expriment la Spontanéité (lhun grub) de l’état naturel. Dans la mesure où cet état est totalement non établi comme étant quoi que ce soit, et étant donné qu’il est vierge de vertus et de vices, il est défini comme la Pureté Primordiale (ka dag). Au sein de l’espace primordial, l’esprit qui n’a pas reconnu la nature des cinq lumières émergeant spontanément, a appréhendé cette émergence comme constituant un ensemble d’objets distincts de lui. De ce fait, en raison de cette saisie, la subtilité des cinq lumières s’est dégradée, entraînant la transformation de ces dernières en les cinq éléments matériels à partir desquels les calices extérieurs (phyi snod), c’est-à-dire les univers accueillant les êtres animés, se sont naturellement constitués.

[2]. La deuxième partie traite de la formation des élixirs intérieurs (nang bcud), c’est-à-dire des êtres animés. Lorsque les quatre éléments (eau, terre, feu, et air) se sont mélangés à la lumière naturelle de la Sagesse, des orbes lumineux se sont constitués, causant la formation graduelle des Trois Domaines (khams gsum). Au sein de ces Domaines, les éléments se sont combinés, permettant ainsi la formation progressive des plantes, des fleurs, des arbres, etc.[1] Ces mondes d’existence sont ainsi devenus les domaines précis en lesquels les êtres animés ont repris naissance en raison de leur ignorance et de leur égarement.[2] Au sein du corps de ces êtres et au cœur même de leurs univers, la puissance des éléments fluctue en fonction de conditions spécifiques, telles que les saisons, etc.

[3]. Au niveau secret, notre corps est produit à partir des Thiglés causaux (provenant des parents) qui fusionnent au moment de la conception avec la conscience qui transmigre. Ainsi, en raison de l’ignorance, la conscience d’un défunt entre la matrice de la mère et la Sagesse du Discernement du défunt se mélange directement avec les gamètes des parents.[3] A ce moment précis, les éléments constituant la matérialité respective de ces gamètes se combine pour former le corps de l’enfant à naître. Après la naissance, la nourriture consommée par le nouveau-né soutient le développement du corps. Jusqu’à l’âge de trente ans, l’énergie associée aux éléments s’accroît, avant de stagner pour un temps[4] puis de dégénérer avec le vieil âge pour finalement se terminer par la mort du corps physique.[5] C’est la raison pour laquelle il est crucial de s’engager dans la pratique à un jeune âge.

[4]. Au niveau secrétissime, les instructions portent sur la pratique accomplie afin de maintenir l’équilibre des éléments, dans le but d’empêcher l’émergence de maladies résultant du déséquilibre de ces éléments, etc. Elles sont divisées en :

  1. une pratique “naturelle” consistant à accroître l’énergie des éléments par le biais de visualisations accomplies à des dates précises du mois lunaire ; et
  2. une pratique reposant sur l’union avec une mudrā qualifiée (phyag rgya mtshan dang ldan pa), c’est-à-dire une partenaire yogique.[6] Cette section est la plus longue du texte.

[5]. Les instructions relevant du niveau insurpassable concernent les pratiques à accomplir lorsque les éléments ne sont pas en équilibre, lorsque des défauts apparaissent au cours de la Méditation, entraînant l’apparition de maux, etc. Le texte détaille les techniques pour se défaire des maladies liées au froid (grang ba’i nad), les maladies liées à la chaleur (tshad pa’i nad), la combinaison de ces deux types de maladies (’dus pa’i nad), ainsi que les désordres spécifiques de la santé causés par les maladies liées aux souffles (rlung nad). Toutes ces pratiques ont pour but de dissiper les obstacles afin de parvenir à une stabilité patente dans l’expérience directe du Discernement (rig pa).

Le titre final du texte est Les Cinq Branches Essentielles ou Les Cinq Branches des Points-Clefs (gNad kyi yan lag lnga). Selon son colophon, Padmasambhava l’aurait composé dans la grotte de Yari Gong.

Notes

  1. C’est-à-dire l’ensemble des manifestations du vivant non animées d’un esprit.
  2. L’ignorance et l’égarement sont apparus parce que les êtres animés ont été incapables de reconnaître la nature des manifestations émergeant lors de l’Epiphanie de la Base (gzhi snang).
  3. C’est-à-dire avec les Thiglés causaux (rgyu’i thig le).
  4. Dépendant de la santé de l’individu.
  5. Après l’entrée dans les divers Bardos, un corps mental (yid kyi lus) est naturellement généré sur la base des imprégnations karmiques, ressemblant en tout point au corps abandonné à la mort, exception faite de sa matérialité corporelle.
  6. Pour plus de détails sur cette pratique, voir le texte suivant.

Référence

mKha’ ‘gro snying thig (sNying thig ya bzhi, Delhi, 1975), vol. 2, pp. 70-94.


Jean-Luc Achard 22 novembre 2024 à 11:39 (CET)