Quintessence Immaculée Clarifiant le Commentaire du Tantra de la Perfection Intégrale du Fruit : Différence entre versions

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Version du 14 juin 2024 à 13:38

La Quintessence Immaculée clarifiant le Commentaire du Tantra de la Perfection Intégrale du Fruit (‘Bras bu yongs rdzogs rgyud kyi ti ka gsal byed dri med snying po) འབྲས་བུ་ཡོངས་རྫོགས་རྒྱུད་ཀྱི་ཏི་ཀ་གསལ་བྱེད་དྲི་མེད་སྙིང་པོ།

Signification littérale

‘bras bu: Fruit; —yongs rdzogs: perfection intégrale; —rgyud kyi: tantra + marque du génitif; —ti ka: commentaire; —gsal byed: clarifier; —dri med: immaculée; —snying po: quintessence.

Définition

Ce texte inclus dans le Khandro Nyingthik est le commentaire du Tantra de la Grande Perfection Intégrale du Fruit (‘Bras bu yongs rdzogs chen po’i rgyud). Il se compose de trois parties :

  1. le sens de l’introduction,
  2. le sens du corps même du texte, et
  3. le sens de la conclusion.

Ce texte est très certainement le plus complexe et le plus intéressant du corpus exégétique rattaché aux Six Tantras qui Libèrent par le Port (bTags grol rgyud drug).

Comme pour les commentaires précédents, la première partie aborde les correspondances linguistiques des deux titres (en sanskrit et en tibétain), puis la signification réelle du titre tibétain du tantra-racine, et enfin l'hommage. Cette section contient une discussion intéressante de l'expression rgya gar, c’est-à-dire l'Inde, le texte étant présenté comme ayant été traduit de la langue de ce pays. Le commentateur interprète ainsi ce binôme comme renvoyant à l'immense (rgya che ba) colonie religieuse (chos sgar) dans laquelle les enseignements du Buddha ont été diffusés. Il explique également qu'elle doit être comprise comme une "Immensité blanche" (sens littéral de rgya dkar) puisque les personnes qui y vivent sont "bien disposées à l'égard du Dharma" (chos la dkar ba).

De même, le nom de la Chine (rgya nag) est interprété comme signifiant une "Immensité noire" puisque dans ce pays les gens sont hostiles au Dharma (chos la gnag pa),[1] le commentateur présentant gnag pa (être hostile à) comme étant phonétiquement associé à nag (pour nag po) qui signifie noir.

Selon ce commentaire, le Dharma a été traduit en vingt-trois langues, dont les huit principales sont les suivantes : 1. la langue authentique secrète (yang dag gsang ba'i skad), 2. la langue des Ḍākinīs (ḍākki ma'i skad), 3. la langue d'Oḍḍiyāna (o rgyan gyi skad), 4. la langue de Marutsé (ma ru rtse'i skad),[2] 5. la langue de l'île de Dhanakośa (dha na ko sha gling pa'i skad),[3] 6. la langue sanskrite (sang kri ta'i skad), 7. la langue de Kalapiṅka Dzokiyona (ka la ping ka 'dzo ki yo na'i skad),[4] et 8. la langue de Trindzutsé (sprin dzu rtse'i skad).

La section centrale du commentaire est divisée en cinq parties, correspondant aux cinq perfections (phun sum tshogs pa lnga) :

  1. le Révélateur (ston pa),
  2. le sanctuaire (gnas),
  3. l'Entourage (‘khor),
  4. le moment (dus), et
  5. le contenu même du Tantra (rgyud don), c'est-à-dire la Révélation (bstan pa) elle-même.

Le Révélateur est le Buddha Primordial Samantabhadra, qui se manifeste comme le Corps Absolu (chos kyi sku) spontanément accompli. Le sanctuaire transcendant où il transmet sa Révélation est l'Espace Absolu (chos kyi dbyings), c'est-à-dire Akaniṣṭha. Son Entourage est constitué des cinq Clans (rigs lnga) qui ne sont pas différents de lui en essence. Le moment ou le temps de la Révélation est celui où le Révélateur, le sanctuaire et l'Entourage sont réunis.

Le contenu actuel du Tantra est divisé en trois parties : 1. la Contemplation de Samantabhadra, 2. la Contemplation de Samantabhadrī, et 3. la Contemplation du Père et de la Mère en union non duelle.

[1]. La Contemplation de Samantabhadra : tous les êtres ont en eux le potentiel de la Contemplation spontanée de Samantabhadra, demeurant dans leur corps de la même manière que l'huile imprègne les graines de sésame. Le texte explique ensuite que, pour comprendre clairement ce que cela signifie, il faut comprendre comment l'anatomie visionnaire du corps a été produite. Le texte décrit alors la formation du corps, ses canaux, ses souffles, ses biṇḍus, et comment la Sagesse (ye shes) demeure au sein de ce système anatomique. Le corps lui-même est constitué des quatre éléments et c'est à partir de ceux-ci que se forment les canaux. Cinq d'entre eux sont mentionnés : 1. le canal central des Méthodes (thabs kyi dbu ma) qui est aussi appelé moelle épinière (rgyungs pa) ; 2. le canal central de la Connaissance Sublimée (shes rab kyi dbu ma) qui est aussi désigné comme le canal de vie (srog rtsa) ; 3. le canal central des Méthodes et de la Connaissance indifférenciées (thabs shes dbyer med kyi dbu ma) qui est le véritable canal central lui-même ; et 4-5. les canaux latéraux, localisés à droite (ro ma) et à gauche (rkyang ma) du canal central.

Les différentes Roues (‘khor lo) du corps se développent sur la base de cet ensemble de cinq canaux. A l'intérieur de ces derniers (à l'exception du canal central proprement dit) résident les diverses éclats des éléments présentés sous la forme de biṇḍus, tous englobés par la Sagesse de l'état naturel. Cette Sagesse se manifeste sous la forme des quarante-deux Buddhas paisibles trônant dans la Citadelle du cœur et des cinquante-huit Buddhas courroucés qui dansent dans la Demeure de Nacre, au niveau de la tête.

[2]. La Contemplation de Samantabhadrī : l'état auquel cette Contemplation fait référence est celui de l'Espace primordial de l'Esprit, qui englobe tous les Buddhas et tous les êtres animés. Il est au-delà du temps, des formes, des couleurs, etc., et ne peut être caractérisé que comme étant vide, impartial, omniprésent, invisible, indicible, inimaginable, etc. Ce Vide primordial est naturellement doté d’un Discernement spontané qui transcende toute limite.

[3]. La Contemplation du Père et de la Mère en union non duelle : dans cette Contemplation, Samantabhadra représente le Discernement (rig pa) et la Clarté (gsal ba), tandis que Samantabhadrī représente l'Espace (dbyings) et le Vide (stong pa). Leur union symbolise donc l'Espace et le Discernement (dbyings rig), ainsi que la Clarté et le Vide (gsal stong). De ce fait, dans l'état du Vide semblable à l'espace, le Discernement se manifeste sous forme de lumières, de demeures de lumières, de Disques Lumineux, de chaînes adamantines, de Corps, de Sagesses, etc. Et au sein de ces manifestations lumineuses de la Clarté, tout est scellé par le Vide lui-même.

Pour mettre ces principes en pratique, le yogi doit se retirer dans un endroit isolé et s'adonner à la fixation du ciel, après quoi il doit être capable de contempler la Réalité manifeste elle-même (chos nyid mngon sum). Au moment d'atteindre le terme de la pratique, il doit s'engager dans la récitation de vingt-cinq formules mantriques pour vingt-cinq objectifs spécifiques (renverser l'attachement aux sens, renverser l'attachement à l'agrégat, etc.)

Dans la section finale du texte, présentant le sens de la conclusion, l'auteur[5] explique que l'état propre à la Contemplation non duelle décrit ci-dessus exprime en fait le mode du Discernement naturellement prégnant au sein de la Clarté-Vacuité (gsal stong).


Notes

  1. Evidemment en référence aux périodes plus ou moins longues au cours desquelles le Bouddhisme a été persécuté dans certaines régions de Chine. Entre le 5e et le 10e siècles, quatre persécutions du Bouddhisme eurent lieu à travers la Chine. Les trois premières sont connues sous le nom des “ Trois Désastres de Wu” (三武之禍). La quatrième fut initiée par l’empereur Zhou Shizong (世宗, r. 954-959). Voir inter alia, Richard J. Smith, “Buddhism and the “Great Persecution””, passsim. Sur l’un de ces empereurs anti-bouddhistes, Wuzong (武宗), voir également Timothy H. Barrett, “The Madness of Emperor Wuzong”, Cahiers d’Extrême-Asie, vol. 14, 2004, pp. 173-186.
  2. La contrée de Marutsé est supposée être un pays mythique, parfois associé à l’Oḍḍiyāna, mais également localisé par certains entre la Perse et Shambhala.
  3. Cette île est traditionnellement conçue comme étant localisée sur le lac du même nom et est considérée comme le lieu de naissance de Garab Dorje.
  4. Il s’agit d’une référence évidente au Kalaviṅka, créature mythique traditionnellement décrite comme ayant une tête humaine, un torse d’oiseau, et une longue queue faite de plumes colorées. L’expression ‘Dzo ki yo na fait écho au composé ‘dzo yo gi ni qui apparaît dans le titre du texte no. 6 du Khandro Nyingthik présenté comme ayant été traduit de la langue de “ka la ping ka ‘dzo yo gi ni” (Khandro Nyingthik, I, p. 20).
  5. Traditionnellement, la rédaction des commentaires des Tantras qui libèrent par le Port (btags grol) est attribuée à Yeshe Tsogyel.

Jean-Luc Achard 14 juin 2024 à 13:38 (CEST)