Cycle de la Voie et du Fruit des Dakinis

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Le Cycle de la Voie et du Fruit des Ḍākinīs (Dākki’i lam ‘bras kyi skor) ཌཱཀྐིའི་ལམ་འབྲས་ཀྱི་སྐོར།།

Signification littérale

Dākki’i: Ḍākinīs + marque du génitif; —lam: Voie; —‘bras : Fruit ; —kyi: marque du génitif ; —skor: cycle.


Définition

Les instructions contenues dans ce texte sont associées à la pratique d'union (zung 'jug) causant l’émergence du Délice et la reconnaissance de l’indifférenciation de ce Délice et du Vide (bde stong). Ces instructions se limitent cependant à la description des signes (mtshan) que la yogini qualifiée doit posséder afin d'être une partenaire (rig ma) adéquate pour une telle pratique.[1] Le texte décrit d'abord les quatre types de yoginis qualifiées avec lesquelles on peut s'engager dans ce yoga, à savoir : 1. la “femme-conque” ou dung can ma (śaṅkhinī), 2. la “femme-éléphant” ou glang can ma (hastinī), 3. la “femme-biche” ou ri dwags can (mṛgī),[2] et 4. la “femme-lotus” ou padma can (padminī). Les caractéristiques de cette dernière sont définies en fonction de plusieurs critères, incluant la silhouette générale (dbyibs), 2. la couleur (kha dog), 3. la voix (skad), 4. l'odeur (dri), 5. la conduite (spyod lam), 6. le niveau de Discernement (rig pa'i sgo), etc. 7. la richesse et la nourriture (bsags rgyab) et 8. le pouvoir (dbang thang).[3] [4]

Le texte décrit ensuite trois autres types de yoginis appropriées, à savoir celle qui est “née des mantras” (sngags skyes ma, c'est-à-dire née de parents pratiquant les tantras), celle qui est “née d'un champ pur” (zhing skyes ma, c'est-à-dire une ḍākinī qui a pris un corps humain), et celle qui est “née du karma” (las skyes ma, c'est-à-dire une femme dont le karma la rend particulièrement apte à la pratique de l'union). Celles qui appartiennent à la dernière catégorie sont en fait des femmes ordinaires qui réunissent cependant tous les signes positifs pour ce yoga. Voici comment le texte les décrit (pp. 99-100) :

Celle qui “naît du karma” est une femme ordinaire qui réunit la totalité des signes d’excellence. Le simple fait de la voir fait naître en soi l’émergence la Sagesse. En s’unissant à elle, le (Délice) immaculé sera généré. Le Recueillement s’intensifiera dans le continuum mental. (Une telle yogini) a une silhouette ravissante et une conduite parfaite. Lorsqu'elle voit un homme, elle le regarde droit dans les yeux. Le haut et le bas de son corps sont bien proportionnés, et sa taille est fine. La chair de ses membres est ferme et elle fait preuve d’une grande hygiène. Elle possède un tempérament très joyeux et elle manifeste une grande allégresse. Elle peut garder des secrets, ne parle pas beaucoup et manifeste de la tendresse (facilement). Elle est stable, son intellect est clair et son Discernement aiguisé. Elle sait être en harmonie avec tous et possède un bon appétit. Puisqu'elle appartient au clan des Ḍākinīs de Sagesse, la rencontrer permettra d'amasser richesses et nourritures, causera l’émergence du Recueillement, ainsi que des expériences et réalisations dans le continuum (puisque) ses qualités la rendent semblable à une précieuse gemme.[5]


Les instructions décrivent ensuite cinq types de femmes qui ne conviennent pas à la pratique, car le simple fait de les approcher entraînera de nombreux obstacles, ainsi que des maladies, une vie courte, etc.

Il existe par ailleurs quatre autres types de femmes qui ne conviendront pas à la pratique puisqu'il s'agit de démones incarnées dans un corps humain. Ces quatre types concernent les mangeuses de chair (sha za, c'est-à-dire des démones cannibales), les buveuses de sang (khrag thung), les suceuses de moelle (rkang 'jibs ma) et les voleuses d'élixir (bcud 'phrog ma). Elles sont reconnaissables à la couleur de leur corps, à leur taille, à leurs cheveux et à d'autres signes physiques. La pratique accomplie avec l'une d'entre elles entraînera des maladies, des calamités, la perte de richesses, etc.

Selon le colophon, ces clarifications sur les signes positifs et négatifs des éventuelles partenaires féminines pour la pratique d’union ont été formulées par Padmasambhava. Son épouse, Yeshe Tsogyel, les a mises par écrit pour les yogis des générations futures faisant preuve d’attachement sexuel (chags can).

Notes

  1. Ces instructions s'adressent à des yogis et sont appelées “instructions pour hommes” (pho khrid). Il existe dans la littérature dédiée à cette thématique des “instructions pour femmes” (mo khrid) — mais pas dans le Khandro Nyingthik — qui décrivent les signes que les yogis qualifiés pour les assister doivent posséder.
  2. Elle apparaît parfois dans les textes plus classiques sous la forme de la “femme-artiste” ou ri mo can (citriṇī).
  3. La liste donne la leçon dbang po (sens, facultés), mais l’explication fournie plus bas dans le texte corrige en dbang thang (force, puissance, présence).
  4. Les références aux richesses, nourritures et pouvoir s’expliquent par le fait que pratiquer avec une ḍakinī présentant de telles qualités permet à l’adepte d’accroître ses biens, son influence locale, etc.
  5. P. 99: las skyes ma zhes tha mal gyi: bu mo legs pa'i rtags tshang ba: mthong ba tsam gyis ye shes skye: sbyor ba byas na zag med skye: ting 'dzin rgyud la 'phel ba 'byung : gzugs legs spyod lam mdzes pa la: skyes pa mthong na gdong mig lta: stod smad sha rgyas sked pa phra: yan lag sha khengs gtsang sbra che: yid 'dzum che zhing bde ba che: gsang thub kha nyung brtse gdung che: brtan zhing blo gsal rig pa rno: kun mthun shes pa (p. 100) dang ka 'dren: ye shes mkha' 'gro'i rigs yin pas: de 'phrad nor zas 'gro ba 'du: ting 'dzin nyams rtogs rgyud la skye: yon tan nor bu rin chen 'dra'o:.

Référence

mKha’ ‘gro snying thig (sNying thig ya bzhi, Delhi, 1975), vol. 2, pp. 94-105.


Jean-Luc Achard 6 décembre 2024 à 09:19 (CET)