Ngari Paṇchen Pema Wangyel : Différence entre versions

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Pema Wangyel était lui-même l'aîné de six fils, son plus jeune frère étant [[Lekden Dorje]] (Legs ldan rdo rje, 1512–1580). Durant ses premières années, il a pratiqué divers cycles tantriques, tels que ceux de Yangdag Heruka, Phurpa, ''Le Filet d’Illusion'' (''sGyu 'phrul drwa ba''), ''L'Assemblée des Bienheureux'' (''bDe gshegs 'dus pa''), ainsi que divers autres enseignements tantriques des écoles Nyingma et Sarma. Puis, il prononça les vœux d’ordination complète (''bsnyen par rdzogs'') auprès de Lowo Khenchen (Glo bo mKhan chen bSod nams lhun grub, 1456–1532) qui lui donna le nom de Paṇchen Pema Wangyel (Paṇ chen Padma dbang rgyal). Après cela, il voyagea avec son jeune frère, à travers le Ü, le Tsang, le Lhodrak, le Dakpo, le Kongpo, etc., rendant visite à de nombreux maîtres Nyingmapas dont il reçut une multitude d’enseignements.
 
Pema Wangyel était lui-même l'aîné de six fils, son plus jeune frère étant [[Lekden Dorje]] (Legs ldan rdo rje, 1512–1580). Durant ses premières années, il a pratiqué divers cycles tantriques, tels que ceux de Yangdag Heruka, Phurpa, ''Le Filet d’Illusion'' (''sGyu 'phrul drwa ba''), ''L'Assemblée des Bienheureux'' (''bDe gshegs 'dus pa''), ainsi que divers autres enseignements tantriques des écoles Nyingma et Sarma. Puis, il prononça les vœux d’ordination complète (''bsnyen par rdzogs'') auprès de Lowo Khenchen (Glo bo mKhan chen bSod nams lhun grub, 1456–1532) qui lui donna le nom de Paṇchen Pema Wangyel (Paṇ chen Padma dbang rgyal). Après cela, il voyagea avec son jeune frère, à travers le Ü, le Tsang, le Lhodrak, le Dakpo, le Kongpo, etc., rendant visite à de nombreux maîtres Nyingmapas dont il reçut une multitude d’enseignements.
  
Ensuite, il se rendit à Orgyen Chödzong (O rgyan chos rdzong) dans la région du Trengpo (Phreng po), où il rencontra Kongchen Namkha Pelden Gyamtso (Kong chen Nam mkha' dpal ldan rgya mtsho, 15e s.) de qui il reçut la transmission de ''La Fusion Contemplative du Maître'' (''Bla ma dgongs 'dus'') et des ''Treize Essences Perlées de la Grande Perfection'' (''rDzogs chen snying thig bcu gsum'').<ref>Le ''Bla ma dgongs ‘dus'' est un ''Terma'' de [[Sangye Lingpa]] (Sangs rgyas gling pa, 1340–1396), contenant des enseignements tantriques et dzogchen très avancés. Le corpus des ''Treize Essences Perlées de la Grande Perfection'' (''rDzogs chen snying thig bcu gsum'') fait référence à un ensemble d'enseignements dont je n'ai pas été en mesure de trouver une liste complète. La plus longue que j'ai identifiée se trouve dans ''L’Histoire du Dharma'' (''Chos 'byung'') de Guru Tashi, ouvrage dans lequel il énumère (p. 428) les neuf cycles suivants : 1. ''L’[[Essence Perlée de Samantabhadra]]'' (''Kun bzang snying thig''), 2. ''L’[[Essence Perlée de Vajrasattva]]'' (''rDo rje sems dpa'i snying thig''), 3. ''L’[[Essence Perlée de Mañjuśrī]]'' (''‘Jam pa'i [= dpal] snying thig''), 4. ''L’[[Essence Perlée de Padmasambhava]]'' (''Padma'i snying thig''), 5. ''L’[[Essence Perlée de Vairocana]]'' (''Bee ro'i snying thig''), 6. ''L’Essence Perlée de l'Elixir Quintessentiel'' (''bCud phur snying thig''), 7. ''L’[[Essence Perlée du cycle du Hūṃ]]'' (''Hūṃ skor snying thig''), 8. ''L’Essence Perlée de la Quintessence'' (''sNying po snying thig''), et 9. ''L’Essence Perlée de la Svāstika'' (''g.Yung drung snying thig''). Notons cependant que, dans le même contexte et au lieu des ''Treize Essences Perlées'', le ''sKu gsum brgyud pa drug ldan gter ston bkra shis grangs kyi gsol 'debs kyi 'grel pa'' de Brag dkar ba Chos kyi dbang phyug (1775-1837) mentionne (p. 639) le corpus dit des ''Seize Essence Perlées de la Grande Perfection'' (''rDzogs chen snying tig bcu drug''), une appellation collective qui m'est inconnue. Selon ''Les [[Méthodes Abrégées Expliquant les Instructions de l’Essence Perlée du cycle du Hūṃ de la Grande Perfection]]'' (''rDzogs pa chen po hūṃ skor snying thig gi khrid rnams kyi 'chad thabs mdor bsdus'', ''Rin chen gter mdzod'', vol. 56, pp. 781-786) de Kongtrül, les ''Treize Essences Perlées'' sont en fait une collection de textes (dont les neuf cités ci-dessus) révélés par Dorje Lingpa (rDo rje gling pa, 1346-1405). La collection des ''Treize Essences Perlées'' ne doit pas être confondue avec le corpus éponyme des ''sNying thig bcu gsum'' révélé par [[Khandro Dechen Wangmo]] (mKha' 'gro bDe chen dbang mo) au début du 20e siècle.</ref>
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Ensuite, il se rendit à Orgyen Chödzong (O rgyan chos rdzong) dans la région du Trengpo (Phreng po), où il rencontra Kongchen Namkha Pelden Gyamtso (Kong chen Nam mkha' dpal ldan rgya mtsho, 15e s.) de qui il reçut la transmission de ''La Fusion Contemplative du Maître'' (''Bla ma dgongs 'dus'') et des ''Treize Essences Perlées de la Grande Perfection'' (''rDzogs chen snying thig bcu gsum'').<ref>Le ''Bla ma dgongs ‘dus'' est un ''Terma'' de [[Sangye Lingpa]] (Sangs rgyas gling pa, 1340–1396), contenant des enseignements tantriques et dzogchen très avancés. Le corpus des ''Treize Essences Perlées de la Grande Perfection'' (''rDzogs chen snying thig bcu gsum'') fait référence à un ensemble d'enseignements dont je n'ai pas été en mesure de trouver une liste complète. La plus longue que j'ai identifiée se trouve dans ''L’Histoire du Dharma'' (''Chos 'byung'') de Guru Tashi, ouvrage dans lequel il énumère (p. 428) les neuf cycles suivants : 1. ''L’[[Essence Perlée de Samantabhadra]]'' (''Kun bzang snying thig''), 2. ''L’[[Essence Perlée de Vajrasattva]]'' (''rDo rje sems dpa'i snying thig''), 3. ''L’[[Essence Perlée de Mañjuśrī]]'' (''‘Jam pa'i [= dpal] snying thig''), 4. ''L’[[Essence Perlée de Padmasambhava]]'' (''Padma'i snying thig''), 5. ''L’[[Essence Perlée de Vairocana]]'' (''Bee ro'i snying thig''), 6. ''L’Essence Perlée de l'Elixir Quintessentiel'' (''bCud phur snying thig''), 7. ''L’[[Essence Perlée du cycle du Hūṃ]]'' (''Hūṃ skor snying thig''), 8. ''L’Essence Perlée de la Quintessence'' (''sNying po snying thig''), et 9. ''L’Essence Perlée de la Svāstika'' (''g.Yung drung snying thig''). Notons cependant que, dans le même contexte et au lieu des ''Treize Essences Perlées'', le ''sKu gsum brgyud pa drug ldan gter ston bkra shis grangs kyi gsol 'debs kyi 'grel pa'' de Brag dkar ba Chos kyi dbang phyug (1775-1837) mentionne (p. 639) le corpus dit des ''Seize Essence Perlées de la Grande Perfection'' (''rDzogs chen snying tig bcu drug''), une appellation collective qui m'est inconnue. Selon ''Les [[Méthodes Abrégées Expliquant les Instructions de l’Essence Perlée du cycle du Hūṃ de la Grande Perfection]]'' (''rDzogs pa chen po hūṃ skor snying thig gi khrid rnams kyi 'chad thabs mdor bsdus'', ''Rin chen gter mdzod'', vol. 56, pp. 781-786) de Kongtrül, les ''Treize Essences Perlées'' sont en fait une collection de textes (dont les neuf cités ci-dessus) révélés par [[Dorje Lingpa]] (rDo rje gling pa, 1346-1405). La collection des ''Treize Essences Perlées'' ne doit pas être confondue avec le corpus éponyme des ''sNying thig bcu gsum'' révélé par [[Khandro Dechen Wangmo]] (mKha' 'gro bDe chen dbang mo) au début du 20e siècle.</ref>
 
   
 
   
 
Il descendit ensuite jusque dans le Lhodrak et arriva à Mawochok (sMra bo lcog), un célèbre monastère suivant la tradition de [[Nyang-rel Nyima Özer]] (Nyang ral Nyi ma 'od zer, 1124-1192). Il y rencontra un descendant de Nyang-rel lui-même, en la personne de [[Namkhai Neljor]] (Nam mkha'i rnal 'byor)<ref>Qualifié (p. 286) de ''rje rigs'', c’est-à-dire de membre du clan (''rigs'') ''rJe''. Ce clan est nommé ''rJe’u'' dans d’autres sources, comme par exemple dans ''La Mélodie du grand tambour de Devendra'' de [[Düdjom Rinpoche]] (p. 596). Certains le considèrent comme une sous-branche du clan lDong mais je suis enclin à penser que, étant donné que [[Namkhai Neljor]] est un descendant du “Seigneur” (''rje'') Nyang-rel et que, par conséquent, il appartenait à son clan (''rigs''), l’expression ''rje rigs'' devrait être comprise comme faisant référence à un clan aristocratique (de descendance royale), Nyang-rel étant un “Seigneur” (''rje'') dans son propre fief.</ref> et reçut de lui de nombreuses transmissions, à commencer par les révélations des Trésors de Nyang-rel telles que ''L'Assemblée des Bienheureux'' (''bDe gshegs 'dus pa''), et le ''[[Bima Nyingthik]]'', dont les ''[[Cent Dix-Neuf Préceptes]]'' (''Man ngag brgya bcu dgu'').<ref>Le ''[[Bima Nyingthik]]'' est un cycle révélé par [[Chetsün Sengge Wangchuk]] (lCe btsun Seng ge dbang phyug, 11e siècle) et qui fut ultérieurement redécouvert par [[Zhangtön Tashi Dorje]] (Zhang ston bKra shis rdo rje, 1097–1167). Sur ce dernier, voir Achard, “Zhang ston bKra shis rdo rje (1097–1167) et la continuation des ''Essences Perlées'' (''sNying thig'') de la [[Grande Perfection]].”</ref>
 
Il descendit ensuite jusque dans le Lhodrak et arriva à Mawochok (sMra bo lcog), un célèbre monastère suivant la tradition de [[Nyang-rel Nyima Özer]] (Nyang ral Nyi ma 'od zer, 1124-1192). Il y rencontra un descendant de Nyang-rel lui-même, en la personne de [[Namkhai Neljor]] (Nam mkha'i rnal 'byor)<ref>Qualifié (p. 286) de ''rje rigs'', c’est-à-dire de membre du clan (''rigs'') ''rJe''. Ce clan est nommé ''rJe’u'' dans d’autres sources, comme par exemple dans ''La Mélodie du grand tambour de Devendra'' de [[Düdjom Rinpoche]] (p. 596). Certains le considèrent comme une sous-branche du clan lDong mais je suis enclin à penser que, étant donné que [[Namkhai Neljor]] est un descendant du “Seigneur” (''rje'') Nyang-rel et que, par conséquent, il appartenait à son clan (''rigs''), l’expression ''rje rigs'' devrait être comprise comme faisant référence à un clan aristocratique (de descendance royale), Nyang-rel étant un “Seigneur” (''rje'') dans son propre fief.</ref> et reçut de lui de nombreuses transmissions, à commencer par les révélations des Trésors de Nyang-rel telles que ''L'Assemblée des Bienheureux'' (''bDe gshegs 'dus pa''), et le ''[[Bima Nyingthik]]'', dont les ''[[Cent Dix-Neuf Préceptes]]'' (''Man ngag brgya bcu dgu'').<ref>Le ''[[Bima Nyingthik]]'' est un cycle révélé par [[Chetsün Sengge Wangchuk]] (lCe btsun Seng ge dbang phyug, 11e siècle) et qui fut ultérieurement redécouvert par [[Zhangtön Tashi Dorje]] (Zhang ston bKra shis rdo rje, 1097–1167). Sur ce dernier, voir Achard, “Zhang ston bKra shis rdo rje (1097–1167) et la continuation des ''Essences Perlées'' (''sNying thig'') de la [[Grande Perfection]].”</ref>

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Ngari Paṇchen Pema Wangyel (mNga’ ris paṇ chen Padma dbang rgyal, 1487–1542) མངའ་རིས་པཎ་ཆེན་པད་མ་དབང་རྒྱལ།

Identification

Patriarche important de la tradition Dzogchen en général, et de la lignée des Trésors du Nord (Byang gter) en particulier.

Naissance et éducation

Selon L'Histoire dite du Flambeau de la Sagesse Primordiale (Lo rgyus ye shes sgron me) par le Ve Dorje Drak Rigdzin Chenmo (rDo rje brag Rig 'dzin chen mo),[1] Ngari Paṇchen est né dans la région du Lowo (Glo bo, au Mustang, Népal). Son père, nommé Rinchen Gyeltsen (Rin chen rgyal mtshan), était un yogi tantrique appartenant à un clan de pratiquants descendant des dieux (lha babs).[2]

Pema Wangyel était lui-même l'aîné de six fils, son plus jeune frère étant Lekden Dorje (Legs ldan rdo rje, 1512–1580). Durant ses premières années, il a pratiqué divers cycles tantriques, tels que ceux de Yangdag Heruka, Phurpa, Le Filet d’Illusion (sGyu 'phrul drwa ba), L'Assemblée des Bienheureux (bDe gshegs 'dus pa), ainsi que divers autres enseignements tantriques des écoles Nyingma et Sarma. Puis, il prononça les vœux d’ordination complète (bsnyen par rdzogs) auprès de Lowo Khenchen (Glo bo mKhan chen bSod nams lhun grub, 1456–1532) qui lui donna le nom de Paṇchen Pema Wangyel (Paṇ chen Padma dbang rgyal). Après cela, il voyagea avec son jeune frère, à travers le Ü, le Tsang, le Lhodrak, le Dakpo, le Kongpo, etc., rendant visite à de nombreux maîtres Nyingmapas dont il reçut une multitude d’enseignements.

Ensuite, il se rendit à Orgyen Chödzong (O rgyan chos rdzong) dans la région du Trengpo (Phreng po), où il rencontra Kongchen Namkha Pelden Gyamtso (Kong chen Nam mkha' dpal ldan rgya mtsho, 15e s.) de qui il reçut la transmission de La Fusion Contemplative du Maître (Bla ma dgongs 'dus) et des Treize Essences Perlées de la Grande Perfection (rDzogs chen snying thig bcu gsum).[3]

Il descendit ensuite jusque dans le Lhodrak et arriva à Mawochok (sMra bo lcog), un célèbre monastère suivant la tradition de Nyang-rel Nyima Özer (Nyang ral Nyi ma 'od zer, 1124-1192). Il y rencontra un descendant de Nyang-rel lui-même, en la personne de Namkhai Neljor (Nam mkha'i rnal 'byor)[4] et reçut de lui de nombreuses transmissions, à commencer par les révélations des Trésors de Nyang-rel telles que L'Assemblée des Bienheureux (bDe gshegs 'dus pa), et le Bima Nyingthik, dont les Cent Dix-Neuf Préceptes (Man ngag brgya bcu dgu).[5]

Après son séjour au Lhodrak, il retourna vers le nord et visita d'innombrables temples dans le Ü et le Tsang où il écouta la prédication de nombreux enseignements, avant de réfléchir soigneusement à leur signification. Il se rendit également à Samyé (bSam yas), Dragkha (Brag kha) et Ön Mönthang ('On smon thang, où il est décédé en 1542).

Révélation des Trésors et poursuite de sa formation spirituelle

C'est dans la région de Lhodrak Tamshül (Lho brag gTam shul)[6] qu'il trouva la liste (kha byang) des Trésors (gter) qu'il était prédestiné à découvrir.[7] Avec cette liste comme guide, il voyagea avec son frère jusqu'à Samyé où il révéla le cycle de La Fusion Universelle des Huit Enseignements du Maître (Bla ma bka' brgyad yongs 'dus),[8] La Précellente Lumière de la Sagesse d'Amitāyus (Tshe dpag med ye shes 'od mchog),[9] le cycle du Garuḍa multicolore, celui centré sur Dorje Drolö (rDo rje gro lod), et d'autres sādhanas. Il a également révélé deux œuvres individuelles constituant L’Essence Perlée de Samantabhadra selon la Grande Perfection (rDzogs chen kun bzang snying tig)[10] et L’Essence Perlée de Padmasambhava (Padma snying thig), ainsi que d'autres Trésors liés à Guru Drakpo.[11]

Après cela, il reçut de nombreuses transmissions incluant L’Essence Perlées des Ḍākinīs (mKha' 'gro snying thig), ainsi que La Fusion des Bienheureux (bDe 'dus) et La Fusion Contemplative du Maître (Bla ma dgongs 'dus). A cette époque, ses principaux disciples étaient, outre son propre frère cadet Lekden Dorje, Drigung Rinchen Phüntsok ('Bri gung Rin chen phun tshogs, 1509–1557), Drukpa Ngawang Chögyel ('Brug pa Ngag dbang chos rgyal, 1465-1540), Lhatsün Chökyi Gyelpo (Lha btsun Chos kyi rgyal po, 16e s.) et de nombreux autres pratiquants érudits et accomplis.

Afin d’œuvrer au bénéfice de la Révélation et des êtres, Pema Wangyel invita Rinchen Phüntsok à Samyé où, avec Lekden Dorje, les trois maîtres accomplirent de vastes rituels, assurant treize années de paix et de bien-être dans tout le Tibet, après quoi Lekden se rendit au Sikkim afin d'ouvrir les portes des sanctuaires secrets. A cette époque, Pema Wangyel retourna vivre au Mustang.

Influence et décès

Tout au long de sa vie, Ngari Paṇchen a donné des enseignements à la fois Nyingmas et Sarmas, insistant beaucoup sur le maintien de la pureté des vœux. Son influence sur ce sujet a été renforcée par la composition d'un ouvrage important intitulé L’Etablissement des Trois Vœux (sDom gsum rnam nges), à une époque où les pratiquants tantriques Nyingmapas n'étaient pas nécessairement connus pour être préoccupés par les vœux monastiques.[12]

En ce qui concerne sa propre pratique, Pema Wangyel a protégé ses vœux et ses serments tantriques sans la moindre faille. Il s'adonnait lui-même intensivement à la pratique des Deux Phases (rim gnyis), effectuant quotidiennement quatre sessions de méditations centrées sur ces thèmes. Sa pratique principale restait cependant celle de la Grande Perfection (rDzogs chen) : "En particulier, grâce à sa contemplation constante de la Claire-Lumière de la Grande Perfection, il était capable de manifester concrètement les nombreux signes paroxystiques indiquant qu'il avait finalement atteint l'accomplissement de la libération naturelle du Saṃsāra et du Nirvāṇa dans l’Abîme du Discernement."[13] Il a ainsi pu œuvrer au bien des êtres animés par le biais des quatre activités : apaisement, accroissement, subjugation par le pouvoir, et destruction par la violence.

Finalement, à la fin de sa vie, alors que son esprit était sur le point de se résorber dans l'Espace Absolu (chos dbyings), il rassembla ses fidèles autour de lui et leur donna ses ultimes instructions orales (zhal gdams). A ses moines, il transmit le code de conduite qu'ils devaient tous suivre, intitulé La Déclaration officielle connue sous le nom de Splendeur Adamantine Flamboyante (bKa' yig rdo rje 'bar ba'i gzi byin).

Puis, alors qu'il séjournait dans son fief du Mustang, le deuxième jour du huitième mois de l'année du Tigre,[14] il manifesta son entrée dans le parinirvāṇa, s'éteignant au milieu de signes merveilleux tels que des lumières d'arc-en-ciel et une musique remplissant tout le ciel. Les funérailles et la crémation furent dirigées par son frère cadet, Lekden Dorje.

Notes

  1. sKal bzang padma dbang phyug: Lo rgyus ye shes sgron me, sNga 'gyur byang gter chos skor phyogs bsgrigs, volume 54, pp. 285-289.
  2. Et non lha bab, qui fait référence à la possession divine. Dans La Mélodie du grand tambour de Devendra de Düdjom Rinpoche (p. 593, trad. The Nyingma School, p. 805), son clan est appelé lha rigs, un clan de descendance divine dans le schéma des "trois clans" (rigs gsum, c'est-à-dire lha rigs, mi rigs et klu rigs).
  3. Le Bla ma dgongs ‘dus est un Terma de Sangye Lingpa (Sangs rgyas gling pa, 1340–1396), contenant des enseignements tantriques et dzogchen très avancés. Le corpus des Treize Essences Perlées de la Grande Perfection (rDzogs chen snying thig bcu gsum) fait référence à un ensemble d'enseignements dont je n'ai pas été en mesure de trouver une liste complète. La plus longue que j'ai identifiée se trouve dans L’Histoire du Dharma (Chos 'byung) de Guru Tashi, ouvrage dans lequel il énumère (p. 428) les neuf cycles suivants : 1. L’Essence Perlée de Samantabhadra (Kun bzang snying thig), 2. L’Essence Perlée de Vajrasattva (rDo rje sems dpa'i snying thig), 3. L’Essence Perlée de Mañjuśrī (‘Jam pa'i [= dpal] snying thig), 4. L’Essence Perlée de Padmasambhava (Padma'i snying thig), 5. L’Essence Perlée de Vairocana (Bee ro'i snying thig), 6. L’Essence Perlée de l'Elixir Quintessentiel (bCud phur snying thig), 7. L’Essence Perlée du cycle du Hūṃ (Hūṃ skor snying thig), 8. L’Essence Perlée de la Quintessence (sNying po snying thig), et 9. L’Essence Perlée de la Svāstika (g.Yung drung snying thig). Notons cependant que, dans le même contexte et au lieu des Treize Essences Perlées, le sKu gsum brgyud pa drug ldan gter ston bkra shis grangs kyi gsol 'debs kyi 'grel pa de Brag dkar ba Chos kyi dbang phyug (1775-1837) mentionne (p. 639) le corpus dit des Seize Essence Perlées de la Grande Perfection (rDzogs chen snying tig bcu drug), une appellation collective qui m'est inconnue. Selon Les Méthodes Abrégées Expliquant les Instructions de l’Essence Perlée du cycle du Hūṃ de la Grande Perfection (rDzogs pa chen po hūṃ skor snying thig gi khrid rnams kyi 'chad thabs mdor bsdus, Rin chen gter mdzod, vol. 56, pp. 781-786) de Kongtrül, les Treize Essences Perlées sont en fait une collection de textes (dont les neuf cités ci-dessus) révélés par Dorje Lingpa (rDo rje gling pa, 1346-1405). La collection des Treize Essences Perlées ne doit pas être confondue avec le corpus éponyme des sNying thig bcu gsum révélé par Khandro Dechen Wangmo (mKha' 'gro bDe chen dbang mo) au début du 20e siècle.
  4. Qualifié (p. 286) de rje rigs, c’est-à-dire de membre du clan (rigs) rJe. Ce clan est nommé rJe’u dans d’autres sources, comme par exemple dans La Mélodie du grand tambour de Devendra de Düdjom Rinpoche (p. 596). Certains le considèrent comme une sous-branche du clan lDong mais je suis enclin à penser que, étant donné que Namkhai Neljor est un descendant du “Seigneur” (rje) Nyang-rel et que, par conséquent, il appartenait à son clan (rigs), l’expression rje rigs devrait être comprise comme faisant référence à un clan aristocratique (de descendance royale), Nyang-rel étant un “Seigneur” (rje) dans son propre fief.
  5. Le Bima Nyingthik est un cycle révélé par Chetsün Sengge Wangchuk (lCe btsun Seng ge dbang phyug, 11e siècle) et qui fut ultérieurement redécouvert par Zhangtön Tashi Dorje (Zhang ston bKra shis rdo rje, 1097–1167). Sur ce dernier, voir Achard, “Zhang ston bKra shis rdo rje (1097–1167) et la continuation des Essences Perlées (sNying thig) de la Grande Perfection.”
  6. Lieu de naissance de Nyang-rel Nyima Özer.
  7. A cette époque, il avait 46 ans, ce qui correspond aux alentours de 1513 AD d’après Düdjom Rinpoche (op. cit., p. 596).
  8. TBRC W27871 (en deux volumes). Cette collection existe également en un volume (TBRC W23199). D’après Mengyan Li (Origination, Transmission, and Reception of the Phur-pa Cycle, p. 107), “[t]his is the instruction for the ripen (sic) and liberation related to the gSol ’debs lde’u bdun pa.” En réalité, cette déclaration ne devrait s’appliquer qu’au premier volume dédié à la pratique des déités paisibles (zhi ba, le volume étant surnommé zhi pod, c’est-à-dire “le volume sur les déités paisibles”) associée à cette prière complétée par des sādhanas et des instructions sur la Phase de Perfection (rdzogs rim). Le second volume (surnommé khro pod, “volume sur les déités courroucées”) est connecté au cycle d’enseignements consacrés à Guru Drakpo (gu ru drag po’i skor).
  9. Ce texte correspond au Rig ‘dzin yongs ‘dus kyi tshe sgrub ye shes ‘od mchog inclus dans le Rin chen gter mdzod, vol. 19 (p. 593-674).
  10. Les orthographes snying thig et snying tig alternent régulièrement dans ce titre mais n’en changent pas la signification.
  11. Le Pema Nyingthik (Padma snying thig) est un très court texte qu’il a découvert sous le nom secret de Pema Gyelpo Yeshe Rölpa Tsel (Padma rgyal po Ye shes rol pa rtsal).
  12. Voir la traduction de ce texte (accompagnée d’un commentaire de Düdjom Rinpoche) in Ngari Panchen, Perfect Conduct — Ascertaining the Three Vows, passim.
  13. Lo rgyus ye shes sgron me, p. 288: gtso bor ‘od gsal rdzogs pa chen po’i dgongs pa ‘khor yug tu gdal bas ‘khor ‘das rig pa’i klong du rang sar grol ba’i grub pa mthar phyin pa’i rtags tshad du ma mngon sum du ston nus pa.
  14. Ce qui devrait correspondre à l’année Eau-Tigre (chu mo stag) du neuvième cycle sexagesimal (rab ‘byung). D’après le calendrier Phugpa, le jour précis serait le Lundi 11 Septembre 1452 (http://kalacakra.org/calendar/tdata/pl_1542.txt).

Jean-Luc Achard 14 septembre 2022 à 18:13 (CEST)