Dialogue dit de la Guirlande d'Or Ambrosiaque

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Le Dialogue dit de la Guirlande d’Or Ambrosiaque (Zhus len bdud rtsi gser phreng) ཞུས་ལེན་བདུད་རྩི་གསེར་ཕྲེང་།

Signification littérale

zhus len : dialogue ; —bdud rtsi : ambrosiaque ; —gser: or; —phreng : guirlande.

Définition

Ce texte[1] appartient à la seconde partie du Khandro Nyingthik de Pema Ledrel Tsel. Il débute par un court récit dans lequel Yeshe Tsogyel explique, lorsque le roi du Tibet (Trisong Detsen) invita Padmasambhava, celle-ci servit avec dévotion le maître originaire de l’Oḍḍiyāna et devint son sceau d’action (las rgya). Alors que le couple demeurait dans la grotte de Zhotö Tidro, Padmasambhava lui donna la confrontation (ngo sprod) conformément aux enseignements des Essences Perlées de la Grande Perfection (rdzogs chen snying thig). Après cela, Yeshe Tsogyel interrogea Padmasambhava à propos des terrains d’égarement ou déviations (gol sa) susceptibles d’obscurcir l’Essence (ngo bo), la Nature (rang bzhin), et la Compassion (thugs rje) lorsque ces trois Sagesses de l’état naturel ne sont pas correctement comprises. Dans sa réponse, Padmasambhava explique qu’il existe quatre modalités associées à ces déviations potentielles :

  1. la manière dont on dévie (gol lugs) hors de la compréhension correcte,
  2. les signes indiquant les déviations (gol rtags),
  3. les défauts (nyes skyon) associés à ces déviations, et
  4. le fruit des déviations (gol ba’i ‘bras bu).

Dans la section suivante du texte, Yeshe Tsogyel questionne le maître au sujet des déviations apparaissant dans le contexte de la Vue (lta ba), de la Méditation (sgom pa), et de la Conduite (spyod pa) de la Grande Perfection. La Vue elle-même est expliquée en fonction de cinq parties comprenant :

  1. les déviations (gol sa) affectant les calices non qualifiés qui ne comprennent pas les principes du Dzogchen ;[2]
  2. les déviations en matière de lieux (gnas kyi gol sa), décrivant les lieux favorables ou défavorables à la pratique ;
  3. les déviations en matière d’assistant (grogs kyi gol sa), auquel cas Padmasambhava conseille de pratiquer dans la solitude la plus complète ;
  4. les déviations associées aux passions (nyon mong pa’i gol sa) ; et
  5. les déviations consistant dans des saisies partiales (phyogs ‘dzin gyi gol sa).

Pour ce qui est des déviations associées à la Méditation, le texte décrit dans un premier temps leur essence avant d’aborder les thématiques du lieu et de l’assistant dans une seule entrée. Celle-ci est suivie par une discussion des défauts de la Méditation (sgom skyon), autrement dit les obstacles exprimés sous la forme de la torpeur (bying ba), de l’agitation (rgod pa), et de la dispersion (‘byams pa).

La section suivante du texte aborde les déviations en matière de Conduite qui sont exposées en fonction de deux subdivisions :

  1. les déviations résultant de l’engagement dans une Conduite inopportune (spyod pa dus min gyi gol sa) ; et
  2. les déviations génériques associées à la Conduite (spyod pa spyi’i gol sa).

La première subdivision contient une analyse des déviations apparaissant dans le contexte des sept Conduites, telles que celles de l’abeille, du cervidé, etc.) : l’engagement inopportun et prématuré dans la Conduite sans contrainte (brtul zhugs kyi spyod pa) constitue une déviation très sérieuse dans laquelle s’égarent les adeptes non qualifiés pour ce type de Conduite.[3]

La partie suivante est consacrée aux déviations associées au Fruit (’bras bu’i gol sa). Fondamentalement, le fait de considérer des Fruits ordinaires comme constituant le Fruit ultime (mthar thug ‘bras bu) et de se vanter d'avoir atteint un tel Fruit empêchera d'atteindre le Fruit ultime lui-même. Pour ceux qui ont pu atteindre ce niveau, continuer à manifester des espoirs et des craintes fera régresser ce Fruit à son état de cause et empêchera d’atteindre la libération.

Les sections suivantes du texte traitent des thèmes suivants abordés par Yeshe Tsogyel et concernant:

  1. la nécessité de cultiver la bodhicitta même lorsque le point-clef du Discernement a déjà été réalisé ;[4]
  2. l’émergence potentielle d’obstacles (bar chad) ;
  3. la pratique avec un sceau d’action (las kyi phyag rgya afin de progresser sur la Voie (lam gyi bogs ‘don pa) ;
  4. les inconduites sexuelles (g.yem pa) ;[5] et
  5. l’attachement à la nourriture, aux vêtements, et au corps.

La section finale du texte expose les raisons qui ont poussé Padmasambhava à cacher ce traité comme trésor (gter). Elle contient également une prophétie concernant une renaissance future de la princesse Pema Sel en tant que tertön (gter ston, Révélateur de Trésors).

Notes

  1. Voir F-K. Ehrhard, “The “Vision” of rDzogs chen: A text and its Histories”, p. 53 passim. Voir la traduction de ce texte in E.P. Kunsang, Advice from the Lotus-Born, pp. 44-60. Pour l'adaptation gelukpa du texte, voir Thurman, Life and Teachings of Tsong Khapa, pp. 235-253.
  2. De telles personnes ne comprennent pas la différence entre le Dzogchen et le Dzogchenpa et font par conséquent tomber la Vue (lta ba) dans la Conduite (spyod pa). Elles affirment que la pratique des vertus n’apporte aucun bénéfice, que le fait de s’engager dans les vices ne génère aucun mal, etc.
  3. Une telle Conduite transcende les limitations et les conventions sociales. Lorsqu’elle est mal appliquée, elle débouche sur des catastrophes relationnelles extrêmement dommageables à tous celles et ceux qui se trouvent entraînés dans cette Conduite par une personne immature et encore prisonnière des dharmas mondains, des attentes de ce monde, de ses passions les plus grossières, etc. Ultimement une telle déviation entraîne la chute de la Vue dans la Conduite, caractéristique essentielle des calices non qualifiés et incapables de saisir les différences entre le Dzogchen et le Dzogchenpa.
  4. Padmasambhava insiste sur le fait qu’il est impératif de continuer à méditer sur l’impermanence, la mort, etc., ainsi que de maintenir une compassion altruiste pour tous les êtres.
  5. En réalité, cette section porte sur la pratique de l’union dans le contexte d’une initiation et en dehors de ce contexte. Elle sert en fait d’appendice à la précédente question.

Référence

mKha’ ‘gro snying thig (sNying thig ya bzhi, Delhi, 1975), vol. 2, pp. 1-34.


Jean-Luc Achard 1 novembre 2024 à 14:39 (CET)